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Méditer contre la dépression

Après un épisode dépressif, le principal danger qui guette les patients est la rechute. En analysant les mécanismes qui y conduisent, les chercheurs en psychiatrie comprennent pourquoi la méditation, associée à des thérapies plus classiques, réduit fortement le risque de ces récidives. Gilles Bertschy

La pleine conscience développée par la #méditation# permet de voir ses propres pensées noires à l'œuvre pour ne pas les subir passivement. Au cours de sa vie, environ un homme sur dix et une femme sur cinq fera une dépression majeure. Dans la moitié de ces cas, il ou elle sera sujet(te) à des récurrences, c'est-à-dire au retour d'épisodes dépressifs plus ou moins sévères, séparés de plusieurs mois. Même si l'on serait tenté de croire que la personne « guérit » entre les épisodes, la réalité est plus nuancée et on observe fréquemment, après les épisodes eux-mêmes, des symptômes résiduels. Troubles du sommeil, sensation de fatigue, perte d'appétit ou au contraire accès de boulimie, sensibilité aux événements sociaux stressants, pessimisme, troubles sexuels, baisse d'estime de soi, manque de motivation ou d'investissement dans les activités du quotidien : l'un ou l'autre de ces signes (parfois plusieurs combinés) peuvent alors indiquer que « quelque chose » est toujours là. Que faire pour éviter de basculer de nouveau dans un vrai épisode de dépression ? La psychiatrie dispose, pour la prévention des récurrences dépressives, d'un arsenal thérapeutique qui comprend en premier lieu les antidépresseurs, mais aussi les psychothérapies parmi lesquelles les #thérapies #cognitivo-comportementales ont le mieux démontré leur efficacité. Depuis plus d'une dizaine d'années, la méditation est passée, pour le grand public mais aussi pour les soignants, du statut de discipline spirituelle à celui d'activité cognitive et affective capable d'apporter une série de bienfaits à la fois pour le corps et pour l'esprit. Son pouvoir thérapeutique, face à des pathologies sérieuses comme la dépression, mais aussi le trouble bipolaire ou les troubles alimentaires, commence à être évalué selon les méthodes scientifiques en psychiatrie. Dans le cas précis de la #dépression#, comprendre l'action de la méditation nécessite de bien analyser la façon dont les épisodes dépressifs surviennent et reviennent à la charge. La rechute, un emballement cognitif Fondamentalement, les mécanismes de la #dépression# sont de nature neurobiologique et psychologique, ces deux volets étant fortement intriqués et variables d'un patient à l'autre. Dans une perspective psychologique, la récurrence des épisodes dépressifs peut être comprise comme résultant d'une vulnérabilité de la personne. Cette vulnérabilité, probablement aggravée par la répétition des épisodes, fonctionne d'après des mécanismes de cercles vicieux. Des événements déclencheurs souvent anodins (par exemple, une remarque négative d'un collègue…) induisent une émotion de tristesse qui va activer des réseaux de cognitions négatives – autour de thèmes de pessimisme (je ne vais pas arriver à mener ce projet à bien), d'échec (je n'ai pas gagné la confiance de mes collègues), d'autodévalorisation (je suis nul[le]). La facilité avec laquelle un événement déclencheur provoque ces cognitions est ce qu'on appelle la réactivité cognitive. Il en résulte souvent des mécanismes de ruminations, un autre aspect de la vulnérabilité dépressive, qui lancent véritablement le phénomène de cercle vicieux : plus le sujet rumine (les pensées négatives sur soi tournent en boucle), plus les émotions négatives s'accentuent et plus il s'enferre dans ses pensées négatives. Ce phénomène peut être qualifié « d'effet boule de neige ». À son départ en haut de la pente, la boule de neige est encore petite, il ne s'agit que d'une tristesse transitoire et de l'amorce d'une réactivation de pensées négatives...

Cet article est du magazine Cerveau&Psycho.


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